La Grèce, dans l’oeil du cyclone?

La Grèce, dans l’œil du cyclone?

Les projecteurs se tournent de nouveau vers la Grèce pour deux raisons :

  1. Celle-ci prend la présidence tournante de l’Union Européenne
  2. Dans ses vœux de Nouvelle Année, le premier ministre annonce que la Grèce va recommencer à se financer directement sur les marchés.

Il y a quelques mois, nous nous sommes posés la question du rôle de la troïka et de ce que celle-ci a apporté à la Grèce.

Lors d’une récente entrevue avec Roland Gillet[1], nous avons abordé les problèmes structurels et conjoncturels de la Grèce. Suite à l’une de ses réflexions portant sur le terme “aide”, nous avons décidé de creuser un peu plus le sujet en nous demandant si le terme aide, sémantiquement défini comme “action d’aider, de donner une assistance momentanée” est correctement choisi pour la solidarité européenne envers la Grèce.

Le mea culpa[2] du FMI (Fonds Monétaire International) sur l’échec notable du premier plan de sauvetage demande à revoir la copie et trouver, non pas une nouvelle, mais une vraie manière d’aider la Grèce.

La situation est critique. Retour en arrière…

  • La dette publique

DettePubliqueDepuis de nombreuses années, l’économie publique grecque se construit sur un endettement constant. La croissance de son économie lui a permis de supporter cette charge financière additionnelle. Le début de la crise a cependant joué un rôle de détonateur en accélérant l’augmentation du poids de la dette vis-à-vis de l’économie. Un endettement en hausse dans une économie qui se contracte ne peut qu’avoir de fâcheuses conséquences.

  • Démographie et emploi

DemographieEtChomage

En terme d’emploi, la situation n’est pas des plus excitantes. La courbe du chômage est en croissance constante depuis le début de la crise. L’explosion du chômage chez les jeunes est inquiétante. Tout comme la précarisation des emplois. De nombreuses sources indiquent qu’il y a une cannibalisation des emplois les moins qualifiés par des personnes qui le sont, poussant les populations les plus précaires vers une précarité encore plus sommaire. Il y a la nécessité de fournir un objectif à cette catégorie de population afin d’éviter un exode qui pourrait se révéler encore plus dévastateur que la situation actuelle. En effet, les courbes démographiques parlent d’elle-même. La population décline, avec une part de plus en plus grandissante des personnes âgées[3] et une désertification du marché de l’emploi. Si la tendance continue de cette manière, outre le poids de la dette, les employés vont devoir supporter des couts démographiques nettement plus insupportables.

La précarisation se confirme par la manière dont sont calculées les statistiques. En analysant la méthode, nous avons trouvé la définition suivante :

Employed are persons aged 15 years or older, who during the reference week had worked, even for just one hour, for pay or profit or they have worked in the family business, or they were not at work but had a job or business from which they were temporarily absent.

 

Cela signifie qu’il est difficile de confirmer que la population active est employée à plein temps et dégage suffisamment de ressources pour couvrir les besoins en financement de l’Etat et des personnes inactives.

Si les bénéfices tirés par l’emploi sont insuffisants, le gouvernement grec n’a d’autres choix que de se tourner vers les marchés financiers pour se financer.

  • Taux d’intérêt et comportements des marchés financiers

TauxInteret

Le point est tout particulièrement intéressant avec la position prise par le premier ministre.

Au début de la crise, le taux offert par le marché se situait aux environs de 5%. Malgré ce taux offert, les difficultés étaient déjà présentes.

L’accélération des difficultés et de la peur des intervenants ont propulsé les taux jusqu’à des niveaux atteignant 35%, pour se stabiliser ces derniers mois aux environ de 8,5%.

La troïka est venue au secours de la Grèce en jouant l’intermédiaire entre les marchés financiers et le gouvernement afin d’éviter une contagion éventuelle au système financier d’un défaut sur le remboursement de la dette. A travers le mécanisme de sauvetage, elle a ainsi fourni une ligne de crédit de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Son rôle de prêteur en dernier ressort a été apprécié par les marchés financiers et permis une détente des taux. Néanmoins, en contrepartie de cette aide, elle a exigé de drastiques mesure d’austérité afin de ramener les finances publiques sur le chemin de l’assainissement et assurer par là-même le remboursement de son prêt.

L’austérité imposée a lancé un cercle vicieux s’intensifiant à chaque tour. Les différentes coupes budgétaires et augmentation d’impôts ont eu pour effet de diminuer le pouvoir d’achat de la population. Cette diminution entrainant une diminution de la demande pour les biens et services produits par les entreprises. Ces dernières rencontrant des difficultés financières ont : 1. Licenciés et 2. Vu leurs profits fondre avec pour conséquence une diminution des rentrées fiscales pour l’Etat. L’Etat devant revoir sa copie resserre la vis par de nouvelles coupes afin d’équilibrer son budget et un nouveau cercle anti-vertueux démarre.

Nous sommes persuadés que l’aide apportée par la troïka n’a pas contribué au redémarrage de la Grèce, si ce n’est confirmer des tendances de fonds, voir empirant la chose à travers les plans d’austérité exigés en contrepartie des fonds apportés. L’assainissement des finances publiques s’est fait au détriment de l’emploi et en annihilant le futur de générations de travailleurs. Une nouvelle vision économique est nécessaire pour faire face à cette situation désespérée.

Relancer l’économie grecque passera par un mouvement générateur national pour éviter l’asphyxie de son économie interne. Étrangler les travailleurs n’a pas porté ses fruits. La Grèce jouit d’un passé et d’une histoire riche. Il est trop facile de généraliser le Grec comme étant un tricheur. Les médias jouent les portevoix sur un problème minoritaire alors que de nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes, ont toutes les difficultés pour s’en sortir. Mais des convictions et de la volonté.

La création de nouveaux emplois passe par la remise en question des business-modèles. Il faut trouver les avantages concurrentiels en fonction des actifs dont dispose le pays. Pourquoi ne pas envisager une ré-industrialisation dans des secteurs à haute valeur ajoutée ? Le pays pourrait faire le lien entre l’Europe et le Moyen-Orient. Travailler en écosystème en intégrant les valeurs du peuple grec et la vision pour son pays permettra de découvrir de nouvelles ressources indispensables à la sortie de la crise dans laquelle les penseurs traditionnels ont empêtré le pays. Faire le lien entre le passé et le futur. Une accalmie médiatique momentanée a permis au gouvernement grec de souffler…les vents violents vont-ils refaire leur apparition en force?

 

SOLUTIONS:

Nous croyons que la solution durable se trouve dans l’ADN même de cette crise. C’est une crise de dépendance. De nombreuses fonctions mutualisées pendant le 20° siècle, venant à charge de la communauté, sont devenues trop lourdes. En Grèce, le pope a toujours eu un rôle de pivot, de référent des familles et communautés locales, et est payé pour cela. D’initiative, les familles contribuent à l’église. Un ancrage local fort donc.

Psychologiquement, l’humain ne change pas de posture tant qu’il n’y a pas d’urgence, de “burning platform”. Ils sont dans l’urgence. Comme en Espagne, au Portugal, en Italie, à Detroit. Comme en Argentine entre 1999 et 2002. Que se passe t’il dès lors ? Une créativité accrue, une débrouille, une nouvelle solidarité, un nouveau regard sur les ressources rares. Voilà 3 qualités pivots de la prochaine économie, celle qui est émergente.

Donc nous avons presque tous les ingrédients: la créativité humaine, son ouverture sur les idées, sur les communautés locales, sur les gens, + l’urgence.

Un seul chainon manque: la vision méta de cette économie systémique. Macro. Offerte par un gouvernement éclairé. Celle qui permettra de:

– comprendre les liens systémique entre éducation et santé, mobilité et habitat, agriculture et nutrition, mesurer la valeur et gouvernance, service au bien commun et investissements,…

– instaurer des directives qui solutionnent 3, 4 voir 5 problèmes avec une seule solution systémique.

– proposer des actions et facilitateurs de cette émergence, à l’image du verger mourant pou cause de mort massive des abeilles: re-créér des ruches, introduire des nouvelles colonies d’abeilles…

OK, reste encore 1 seul obstacle. L’égo et la peur. Oups voilà le plus gros chantier. C’est celui qui fait freiner des 4 fers. Quelques solutions:

– rassurer en montrant des cas similaires réussis, ailleurs dans le monde, où dans le pays même, et les répandre

– le développement personnel et collectif par l’éducation à la prochaine économie émergente. Nous démarrons ce programme en avril, appelé la “Set the New Game – the Journey”.

à vos boites à outils !

Et vous, quelles solutions apporteriez-vous?

Team UHDR

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